Construits à grand renfort de subventions, les réseaux de fibre optique dans les zones rurales peinent à s’autofinancer. Leur exploitation coûte bien plus cher que prévu, au point d’inquiéter de nombreuses collectivités locales.
Dans plusieurs départements ruraux, les réseaux de fibre optique subventionnés par les collectivités, les réseaux d’initiative publique (RIP), sont aujourd’hui confrontés à une équation budgétaire difficile : des coûts d’exploitation en forte hausse pour un nombre limité d’abonnés. Ces infrastructures, mises en place pour garantir un accès équitable à Internet très haut débit, risquent de devenir un poids financier pour les territoires.
En Saône-et-Loire, par exemple, la construction du réseau a coûté 165 millions d’euros, dont 87 millions d’argent public. Mais son exploitation annuelle atteint déjà 2 à 3 millions d’euros, un montant supérieur aux recettes tirées des abonnements versés par les opérateurs commerciaux. Un déséquilibre que l’on retrouve dans de nombreux RIP à travers la France, où 75 % des réseaux observent des surcoûts d’exploitation, selon un rapport de la Cour des comptes publié au printemps.
Les gestionnaires pointent plusieurs causes à cette dérive : interventions de maintenance plus coûteuses que prévu, raccordements dégradés dus à des sous-traitants mal formés, ou encore aléas climatiques ayant endommagé des infrastructures fragiles. Dans certains départements, la reconstruction de tronçons entiers après des incendies ou des inondations a grevé les budgets.
De leur côté, les exploitants comme Orange Concessions, XP Fibre (SFR), Altitude Infra ou Axione (Bouygues) dénoncent un modèle économique figé. Le prix de gros facturé aux opérateurs pour l’accès à la fibre est resté fixé à 5 euros par ligne et par mois depuis 2015, un tarif jugé insuffisant pour couvrir les coûts réels d’entretien.
Face à cette situation, plusieurs collectivités et opérateurs d’infrastructures réclament une révision des tarifs de gros. Mais une hausse risquerait de remettre en cause les subventions publiques accordées dans le cadre du plan Très Haut Débit, lancé en 2013 pour généraliser la fibre sur l’ensemble du territoire. L’Arcep a ouvert cet été une consultation publique pour évaluer objectivement les coûts et envisager une éventuelle revalorisation d’ici la fin de l’année. Sa présidente, Laure de La Raudière, reconnaît que les coûts d’exploitation se sont révélés supérieurs aux prévisions, tout en soulignant que certains exploitants ont pu se montrer trop optimistes lors des appels d’offres
Du côté des opérateurs commerciaux, la perspective d’une hausse inquiète. Chez Free, la direction estime que les difficultés des RIP ne sont pas suffisamment documentées. Orange, quant à lui, prévient qu’une hausse des coûts d’accès pourrait se répercuter sur le prix des abonnements. Une telle évolution remettrait en cause la promesse d’équité tarifaire du plan national : celle d’un Internet à très haut débit au même prix partout en France.
À terme, les habitants des zones rurales pourraient bien payer leur fibre plus cher que ceux des grandes villes — un paradoxe pour un projet né au nom de la cohésion territoriale.
Source : Le Monde
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