Fermeture du cuivre : les premiers tests d’Orange révèlent des difficultés à passer au 100% fibre

Fermeture du cuivre : les premiers tests d’Orange révèlent des difficultés à passer au 100% fibre

Orange a dévoilé en début d’année un plan complet de fermeture du réseau cuivre, portant l’ADSL et la téléphonie fixe, d’ici à 2030. Mais des problèmes restent encore non résolus.

De nombreux points ont été abordés lors de l’Université du Très-Haut Débit ayant réuni une grande assemblée d’acteurs du numérique à Toulouse. Outre les problématiques liées au déploiement de la fibre optique,  la question de la fermeture du réseau cuivre a également été traitée avec notamment un retour sur les premiers tests réalisés par l’opérateur historique.

En effet, si la coupure technique du réseau doit se faire à partir de 2024 et ce par plaques géographiques, Orange a commencé à arrêter totalement son réseau vieillissant dans 6 communes test en 2022 Issancourt-et-Rumel, Vivier-au-Court, Vrigne-aux-Bois, Gernelle dans les Ardennes, Provin dans le Nord et Voisins-le-Bretonneux dans les Yvelines. Le choix des communes a été motivé par ” la diversité de leurs configurations : rural diffus, urbain dense, avec des entreprises, différents opérateurs d’infrastructures…” explique Muriel Germa, directrice du pilotage infrastructure cuivre chez Orange. Un point commun cependant : une couverture complète en fibre et de nombreux foyers déjà raccordés.

Cependant, tout ne se passe pas aussi bien qu’on pourrait le croire. Dépasser les 90% d’abonnés à la fibre dans ces communes est en effet plus complexe que prévu. Une difficulté qui rentre en opposition avec un calendrier précis à respecter dans le plan d’Orange. Muriel Germa explique que “quelques mois pour décider d’un nouvel abonnement c’est long pour un particulier et il va se décider au dernier moment, c’est peu pour un opérateur d’infrastructures“.

Une autre difficulté réside dans la connaissance des coordonnées des personnes abonnés à l’ADSL. Ces dernières sont nécessaires pour contacter ces personnes et les informer du passage nécessaire à la fibre optique.”Nous avons pu avoir accès à ce type d’information lors du passage à la TNT, il faudrait le mettre en place pour ce nouveau chantier” propose Fabrice Douez, président du syndicat mixte du Nord Pas-de-Calais.  De plus, il est difficile de faire pression sur les copropriétés refusant de signer les conventions pour amener la fibre au logement ou la faire passer en façade, les acteurs du numérique n’ayant pas vraiment de capacité à les faire changer d’avis si ce n’est à travers le dialogue et la pédagogie.

La question se pose alors : qui doit aller engager la discussion ? Pour Orange, le premier contact doit être effectué par l’opérateur fournissant le service, mais en cas d’opposition que faire ? Les élus seront bel et bien sollicités, mais leur collaboration n’est pas acquise pour autant. “A Provin il y a eu des réunions de quartier, les élus étaient très impliqués mais il ne faut pas s’attendre à ce que cela se reproduise partout, cela se passe ‘trop’ bien à Provin si je puis dire” explique Fabrice Douez. Des premiers signaux montrent que d’autres élus ne s’impliqueraient pas forcément dans le projet, preuve en est que deux maires sur 181 ont refusé de faire partie du premier lot de communes à tester l’industrialisation de l’arrêt du cuivre en 2023.

D’autant plus que les élus devront être rassurés sur les problèmes techniques que révèlent les expérimentations, notamment en terme de qualité. Le maire de Venerque, Michel Courtade a pointé du doigt des problèmes concernant la stabilité du réseau fibre et des raccordements effectués à hâte “par des techniciens pas formés à hauteur de la tâche“. Il soulève aussi la problématique des habitants n’utilisant que le téléphone et pas l’internet et ne désirant pas opter pour la formule triple-play généralement proposée par les opérateurs. D’autres cas particulier existent, comme les alarmes fonctionnant avec le cuivre…

Orange entend notamment préparer un kit comprenant un article à personnaliser et des affiches à coller avec un sceau de validation : la “Marianne” de l’État. Le but derrière la présence de symbole républicain est de différencier cette communication de toute autre qui serait elle à but purement commercial. Les associations d’élus se préparent également à proposer de nouveau de mettre en place une campagne nationale d’information portée par l’État “avec des spots à la télévision”, comme lors du passage à la TNT.

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox